- Les sans-papiers ne pourront plus être incarcérés en France

Publié le 12 Mai 2011

Pour l'Europe, la rétention administrative est l'ultime recours en cas de situation irrégulière d'un étranger. Ici, le centre de rétention de Vincennes.
Pour l'Europe, la rétention administrative est l'ultime recours en cas de situation irrégulière d'un étranger. Ici, le centre de rétention de Vincennes.

Une circulaire diffusée jeudi par le ministère de la Justice stipule qu'un étranger ne pourra plus être emprisonné en France au seul motif qu'il est en situation irrégulière. Une application du droit européen.

Le fait pour un étranger de ne pas avoir de papiers en règle ne peut plus être en France un motif d'emprisonnement. C'est le sens d'une circulaire diffusée jeudi par la Chancellerie et consultée par l'AFP.

La consigne est une application d'un arrêt de la cour de justice de l'Union européenne. Saisie par un tribunal italien, celle-ci a jugé illégale le 28 avril dernier la détention d'un migrant en situation irrégulière s'il refuse de quitter le pays. Cet arrêt découle de la «directive retour» européenne de 2008 sur les modalités de reconduite à la frontière, qui prévoit des mesures coercitives proportionnées et graduées. Selon cette directive, la rétention administrative est l'ultime recours, l'emprisonnement étant considéré comme incompatible avec l'objectif d'éloigner un étranger.

Prison pour les comportements violents ou les fraudes avérées

«Afin de se conformer à la décision du 28 avril», la circulaire française demande aux parquets de ne placer en garde à vue et de ne poursuivre un étranger qu'en cas de «comportements de violence envers les personnes dépositaires de l'autorité publique ou de fraudes avérées (faux documents administratifs), détachables de l'infraction de séjour irrégulier ou de soustraction à une mesure d'éloignement.» Pour toute poursuite judiciaire d'un étranger fondée sur le code d'entrée et de séjour des étrangers et du droit d'asile, la circulaire recommande «de s'attacher à caractériser un défaut manifeste de coopération dans la phase d'identification se déroulant pendant la rétention administrative ou de résistance à l'exécution de la procédure forcée d'éloignement».

Pour justifier sa décision, le texte de la Chancellerie explique que l'arrêt européen du 28 avril produisait «des divergences d'interprétation entre diverses cours d'appel» en France, où la loi prévoit que le séjour illégal et la soustraction à la reconduite sont passibles de prison. En application de cet arrêt, des décisions de remise en liberté avaient en effet été rendues à Nîmes, Rennes et Toulouse. D'autres, défavorables aux étrangers, avaient en revanche été prononcées à Paris et Marseille.

Source : le Figaro